ARENVAL
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page de couverture Le Cercle de Lecture vous a proposé...
La guerre 14-18
de Wilfred Owen et Siegfried Sassoon
Exposé proposé et présenté par Thérèse Fontaine
Le 6 novembre 2018

Liste des livres

La Première Guerre Mondiale, la Grande Guerre (The Great War) a marqué l’histoire par le carnage et la destruction qu’elle a causés et par les changements qu’elle a provoqués dans la société.
Acceptée à ses débuts avec confiance, voire jubilation, cette guerre ne devait durer -pensait-on - que quelques mois : tout devait être fini pour Noël.
Engagés par patriotisme ou nécessité, les premiers poètes-soldats ne manquèrent pas de faire part de leur idéalisme, inspiré des récits guerriers des poètes grecs et latins dont l’éducation classique de l’époque abondait.
Rupert Brooke, Julian Grenfell (citoyen américain engagé dans la légion étrangère par amour pour la France), Charles Hamilton Sorley, Isaac Rosenberg et Siegfried Sassoon, tous célébrèrent la guerre à ses débuts comme une expérience purificatrice, voire enrichissante, et insistèrent sur la noblesse du combat pour la patrie.
Cette poésie, en particulier celle de R. Brooke, a servi de propagande politique pour galvaniser les civils et inciter les jeunes hommes à s’enrôler. Comme la très célèbre affiche de Lord Kitchener l’affirmait : “Your Country Needs You” (votre pays a besoin de vous).
Mais dès le début 1916, et surtout la très sanglante bataille de la Somme, ces grandes envolées lyriques sur le patriotisme, la gloire, l’honneur vont laisser place à des descriptions très réalistes des conditions atroces de vie et de mort dans les tranchées : plus question de glorifier la mort au combat, l’honneur de mourir pour son pays. Ce n’est plus maintenant que l’horreur de la mort, de l’asphyxie par les gaz, des blessures et des mutilations.
Sassoon arrivé sur le front de l’ouest en novembre 1915, Rosenberg en juin 1916 et Wilfred Owen début 1917, vont renverser les stéréotypes guerriers, démythifier la guerre, chacun à sa façon : Sassoon en utilisant les descriptions crues, l’ironie, la satire, le sarcasme, Rosenberg en insistant souvent sur l’inhumanité de l’homme envers l’homme, Owen en revenant sans cesse sur la pitié, la compassion qu’il ressent pour tous ces êtres humains massacrés pour des raisons qui les dépassent.
Sassoon est sans conteste le plus virulent dans sa dénonciation du mythe de la guerre glorieuse, de l’incompétence du haut commandement (qu’il ose traiter de “salauds incompétents”), des civils insensibles, indifférents, hypocrites, inconscients des atrocités des combats et de la presse qu’il juge responsable d’entretenir dans le pays des idées de gloire et d’héroïsme bien loin des tristes réalités du front.
Rosenberg va lui aussi donner des descriptions très réalistes des souffrances et de la mort dans les tranchées (“Dead Man’s Dump”, dépotoir pour morts), tout en privilégiant la réflexion sur l’impuissance de l’homme à contrôler les forces qu’il a déchaînées.
Wilfred Owen a réussi à dépasser le stade de la colère, de la violence, même si, inspiré par Sassoon, il a, lui aussi, insisté sur les atrocités et la résignation désespérée des combattants.
Mais pour lui, comme il le dit dans sa préface : “ Ce livre ne parle pas de héros… Mon sujet c’est la guerre et le malheur de la guerre. La poésie est dans la compassion.” La guerre n’est ni héroïque, ni glorieuse, elle est faite de souffrances et rien ne peut l’excuser. Il crie son rejet de toutes ces belles notions d’héroïsme dont la presse et les politiciens abreuvent les citoyens , par exemple dans “Dulce et Decorum est Pro Patria Mori”. Il dénonce la futilité de tous ces gestes religieux qui entourent la mort pour ces jeunes qui meurent seuls dans la souffrance, envoyés à la mort, condamnés à mourir : “Anthem for Doomed Youth.”

Sassoon a survécu, Owen est mort le 4 novembre 1918 à Ors . Tous deux ont plaidé pour la réconciliation, Sassoon dans un poème intitulé “Reconciliation”, Owen dans, entre autres, “Strange Meeting” : ‘You are the enemy I killed, my friend’ (tu es l’ennemi que j’ai tué, mon ami)
Owen a voulu mettre en garde. Dans sa préface il déclare que ses poèmes n’ont rien de consolatoire, mais qu’ils doivent servir d’avertissement pour les générations à venir. Il n’a pas été entendu, hélas !

Thérèse Fontaine


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