Né à Condé en 1785, fils d'un commerçant aisé, il s'engage en 1806 dans le corps des "vélites", corps créé par Napoléon en 1804 afin de recruter des fils de bonne famille aptes à faire de futurs officiers. Pour parfaire leur formation, ces jeunes vélites étaient intégrés à la prestigieuse Garde impériale. Le jeune Jean-Baptiste Bourgogne connaîtra le baptême du feu à la bataille d'Iéna dès octobre 1806. Dans la même campagne, il est à Eylau le 8 février 1807 et à Friedland le 14 juin. Nommé caporal quelques jours après, il se retrouve en Espagne en 1808, puis, de là, est rappelé sur le front autrichien : il combat à Essling, en mai 1809, où il est blessé deux fois. Renvoyé au Portugal, il y est nommé sergent en 1811, avant d'être rappelé à nouveau pour la campagne de Russie en mars 1812. C'est là que commence son récit consacré uniquement à cette campagne, et particulièrement, à la retraite qui va durer du 14 octobre au 23 décembre dans des conditions effroyables de faim, de froid, de maladie. En 65 jours, il parcourt, avec ses camarades, 1.330 km à pied par des températures de - 15° à - 30°, sans ravitaillement. Les soldats sont obligés de manger leurs chevaux jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus que boire le sang de ces bêtes mortes que le froid a durcies au point qu'on ne peut plus les découper. Partout la mort règne, surtout pour les plus faibles qui ne peuvent suivre la colonne et meurent sur place gelés ou s'égarent, tombant parfois aux mains des Cosaques qui les harcèlent. Le point culminant de cette horreur sera le passage de la Bérézina, le 28 novembre, qui verra de nombreuses troupes englouties dans les flots glacés de la rivière. Aidé par quelques camarades du pays de Condé ou du Nord, comme lui, Bourgogne parviendra au bout de ce périple, conservant des engelures jusqu'après son retour en France, en mars 1813, où il reprend immédiatement du service, cette fois comme lieutenant au 145e régiment de ligne. Blessé et fait prisonnier en Allemagne le 12 octobre 1813, il utilise sa captivité pour commencer son récit de la campagne de Russie. Libéré en 1814, il revient à Condé et se marie, reprenant le commerce de toiles de son père. Mais à l'avènement de Louis-Philippe, en 1830, qui signe la fin de la Restauration monarchique proprement dite, il demande à reprendre du service et est nommé lieutenant-adjudant de la place de Brest, puis de celle de Valenciennes, de 1832 à sa retraite en 1853. En 1831, il avait reçu la Légion d'Honneur. Il meurt à Valenciennes, en son domicile, place d'Armes, le 15 avril 1867 et est donc inhumé à St Roch.
Au cours des années il avait repris le premier jet de son récit élaboré en 1813-1814, et il a mis sûrement des années à le mettre au point. Des extraits en paraissent dans un journal local en 1857, puis, à l'aide du manuscrit prêté par sa fille, une édition est établie avec le concours de l'archiviste de Valenciennes en 1897. Le livre est traduit en anglais dès 1899. Depuis, les Mémoires du Sergent Bourgogne sont devenues un classique de la littérature napoléonienne, régulièrement réédité. C'est un livre de référence sur la retraite de Russie dont il constitue sans doute le récit le plus complet. A ce titre Jean-Baptiste Bourgogne mériterait de rester davantage présent dans la mémoire valenciennoise : ne pourrait-on donner son nom à un lieu de notre ville ?
Pierre-Marie Miroux