Une femme descend au plus secret de soi, et elle raconte avec une sincérité intrépide, comme s'il n'y avait personne pour l'écouter. »
Rien ne résume mieux le récit de Violette Leduc que cette phrase empruntée à la préface où Simone de Beauvoir présente l'auteur et son 1/2 uvre. Car La Bâtarde est une autobiographie sans fard et sans remords, une « tranche de vie » de trente années taillée dans le siècle de telle sorte que les deux dernières guerres y sont englobées.
Trente ans qui font de l'enfant illégitime un auteur capable de retenir l'attention de grands écrivains contemporains. L'éveil â la vie que raconte Violette Leduc, c'est aussi l'éveil d'une vocation littéraire - un apprentissage qui aboutit à pratiquer l'art d'écrire les sensations glanées au cours d'une marche toujours solitaire bien qu'il y ait eu une Isabelle, une Hermine, un Gabriel pour faire avec elle un bout de la route, et aussi un ange : Fidéline, pour mettre en toile de fond à cette histoire brûlante un peu de ciel bleu découpé dans leur tablier.
Source : Le Livre de Poche, LGF
Cet ouvrage autobiographique présente un intérêt local pour nous, Valenciennois, puisque c'est à Valenciennes que Violette Leduc a été conçue, de l'union d'une bonne et d'un fils de famille. Elle a passé dans notre ville une partie de sa jeunesse qu'elle évoque dans ce livre où nous retrouvons des lieux précis de Valenciennes et Marly. Elle a fréquenté le lycée Watteau où les premières manifestations de son homosexualité naissante lui ont causé certains problèmes à l'époque !
Au-delà de ces aspects anecdotiques, cette conférence sera l'occasion de redécouvrir une écrivaine un peu injustement oubliée dont la bâtardise détermina toute la vie et qui s'interrogea dans ses œuvres sur sa condition, et, de manière plus générale sur la condition féminine, ce qui lui valut le soutien constant de Simone de Beauvoir qui avait compris la modernité de cette œuvre.
P-M. Miroux
