ARENVAL
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Une journée d'Ivan Denissovitch
de Alexandre Soljenitsyne
Exposé proposé et présenté par M. Miroux
29-mars-11

Liste des livres

Une journée d'Ivan Denissovitch est un roman d'Alexandre Soljenitsyne publié dans la revue Novy Mir pour la première fois en décembre 1962 dans le contexte de déstalinisation. Le roman décrit les conditions de vie dans un camp du Goulag au début des années 1950 à travers les yeux d'Ivan Denissovitch Choukhov, archétype du paysan russe moyen que l'on suit au cours d'une journée.
Soljenitsyne conçoit le projet du roman dès 1950 ou 1951 alors qu'il est lui-même détenu dans le camp d'Ekibastouz. À l'origine, le récit devait s'intituler CH-854, une journée d'un zek. Sa rédaction n'est achevée qu'en 1959. La première publication est le fait de la revue soviétique Novy Mir, sur décision du Politburo d'URSS et sur intervention personnelle de Nikita Khrouchtchev. Cependant, de nombreux passages ont été soumis à la censure; la première édition complète sort à Paris en 1973.
Choukhov, matricule CH-854, a été condamné à la déportation en camp de travail dans le Nord-Kazakhstan pour «trahison de la patrie» (accusation d'espionnage car il a été fait prisonnier au cours de la Seconde Guerre mondiale par les Allemands. Bien qu'il ait été condamné à dix ans, dont il a déjà purgé huit ans, Choukhov sait qu'à l'instar des autres zeks, il ne quittera vraisemblablement pas le camp vivant.
Le livre s'ouvre à cinq heures du matin, en plein hiver, sur le réveil de Choukhov, malade. D'habitude, Choukhov est l'un des premiers levés, mais ce jour-là, fiévreux, alors qu'il lambine sur son châlit et a décidé de tenter de se faire porter pâle, il est surpris par un surveillant et se fait sanctionner par trois jours de cellule sans interruption de travail: «Trois jours de mitard en allant au boulot ce n'est que demi-cachot, vous mangez chaud et vous n'avez pas le temps de penser. Le vrai cachot, c'est avec dispense de travail».
Il doit commencer par nettoyer le sol du corps de garde, ce qui est plutôt une planque malgré les insultes des gardes: le local est chauffé alors qu'à l'extérieur, le thermomètre marque -27,5°. Sa punition effectuée, il se rend au dispensaire pour y chercher des soins. Le médecin ne peut pas l'exempter car il a déjà dépassé son quota quotidien d'arrêts de travail, et renvoie Choukhov au labeur. Ce dernier appartient au 104e peloton de travailleurs, composé de 23 hommes et d'un chef à qui les prisonniers doivent une totale obéissance. Les hommes du camp partagent leur temps entre travaux forcés et méthodes de survie, subissant une loi brutale et primaire ne permettant qu'aux plus résistants de s'en sortir. Choukhov est un dur et un travailleur, ce qui lui a valu le respect de ses pairs. Les rations de nourriture (kacha) sont très limitées, et représentent pour les prisonniers leur seule richesse que certains capitalisent, comme le fait Choukhov. À la fin de la journée, il arrive à rendre de petits services à César, un intellectuel capable d'échapper aux travaux manuels en s'étant rendu utile aux services administratifs. César est aussi privilégié, car il reçoit des paquets de nourriture de ses proches, qu'il partage avec Choukhov en remerciement de ses services.
Finalement, la journée de Choukhov a été productive, «presque une bonne journée», car il a pu survivre. Ce point de vue restrictif proposé par Soljenitsyne sur la vie au Goulag arrive à faire évoquer l'horreur banalisée que subissent les prisonniers, écrasés par des conditions de vie intolérables et pourtant supportées sans cri, les tortures que l'on devine sans y être confrontées, les petites rapines qui permettent à certains, comme Choukhov, de vivoter, entouré de ceux qui s'écroulent en silence, vaincus par une violence sourde. Soljenitsyne offre à ses lecteurs, dans un livre court et très accessible, une peinture de la cruauté du système concentrationnaire du Goulag encore renforcée par le point de vue subjectif de son héros, bagnard banal, résolu à accepter la violence du système en ayant restreint son humanité aux besoins élémentaires de subsistance et ses espoirs à survivre jusqu'au lendemain.
Ce court roman, écrit dans un style sobre et épuré, rassemble la plupart des thèmes chers à Soljenitsyne: le Goulag, l'évocation de la Russie profonde avec son fatalisme, son héroïsme et sa bassesse. L'humour n'est pas absent du roman: malgré les privations, le froid sibérien, la maladie, les vexations endurées toute la journée, Choukhov a réussi à grappiller un morceau de pain supplémentaire, ce qui l'amène à cette conclusion:
«Une journée de passée. Sans un seul nuage. Presque de bonheur.?Des journées comme ça, dans sa peine, il y en avait, d'un bout à l'autre, trois mille six cent cinquante-trois.?Les trois de rallonge, c'était la faute aux années bissextiles.»

--Alexandre Soljenitsyne, Une journée d'Ivan Denissovitch.

Ouvrage traduit du russe par Lucia et Jean Cathala
Documentation : Source Wikipédia...


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