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Qui n'a jamais entendu parler d'Eric de Montgolfier, Procureur de la République à Nice depuis février 1999 ? La Presse a médiatisé ce magistrat particulièrement incorruptible, impartial et déterminé alors que, nouvellement affecté à Valenciennes en 1992, a éclaté l'affaire du match de foot-ball truqué «OM-Valenciennes», puis plus tard à Nice lorsqu'il révéla l'implication suspecte de certains francs-maçons dans le déroulement des affaires judiciaires.
Résumé (Michel Lafon)
Incorruptible, impartial, déterminé, Éric de Montgolfier, procureur de la République, n'a qu'une ambition : faire respecter la loi et donc les citoyens qu'elle protège. Mais en lisant le récit implacable de son parcours professionnel, on s'aperçoit que ce n'est pas facile ! Traditions obsolètes et lenteurs de l'institution, hiérarchie toute-puissante qui vous oblige parfois, bizarrement, à classer des dossiers sans suite, personnages intouchables, indulgence suspecte des autorités à l'égard de potentats douteux, incursion de la politique au mépris de la séparation des pouvoirs : il faut se battre sans relâche. Car il n'y a pas que les grandes affaires médiatiques, comme OM/Valenciennes, le dossier de certains francs-maçons ou l'éviction du juge Renard qui a failli coûter au magistrat son poste. Quand on voit les inimitiés qu'il s'est attirées pour avoir simplement voulu faire assainir les eaux d'un établissement thermal qui mettaient en péril la santé des curistes, on se dit que pour servir la Justice, de nos jours, il faut accepter Le Devoir de déplaire.
Et si c'était là le principe sur lequel devraient reposer les réformes tant souhaitées ?
En 343 pages Eric de Montgolfier jette un regard rétrospectif sur les événements les plus significatifs de son étonnant parcours professionnel depuis son entrée à l'Ecole de la Magistrature en 1970, jusqu'à cette affectation surprise à Nice, après avoir exercé successivement comme Substitut du Procureur de la République à Caen, son, premier poste, suivi d'un passage à la Chancellerie en 1978, avant de rejoindre Chambéry puis Valenciennes comme Procureur de la République.
Eric de Montgolfier nous livre sa perception de la Justice, les difficultés des Magistrats d'exercer leur profession dans une institution supposée indépendante où l'incursion du Pouvoir politique est permanente au mépris du respect de la Loi et des citoyens qu'elle est censée protéger. Certes la Justice ne saurait être parfaite puisqu'elle est rendue par des hommes et ce que ceux-ci sont eux-mêmes imparfaits : à cela s'ajoutent le rôle joué par la presse, souvent plus alléchée par le sensationnel qui fait vendre que par le souhait de contribuer efficacement au jaillissement de la vérité, et l'influence du corporatisme et des réseaux d'influences agissant en coulisses pour ralentir l'instruction et obtenir le classement des affaires sensibles mettant en cause l'un des leurs.
Comme tout citoyen le Magistrat n'est qu'un homme, sensible comme la plupart de ses concitoyens aux manifestations publiques d'estime, aux rubans et autres décorations, sans oublier l'ascenseur social qui lui permet, en récompense de l'obéissance qu'il consent aux pressions insistantes des milieux influents, de gravir plus ou moins rapidement les étages de la hiérarchie juridique : tous les citoyens ne sont donc pas égaux devant la Justice !
Quel que soit le degré de sympathie que nous inspirent, à juste raison ou non, ces quelques juges dont les médias se repaissent à ceux tels Eva Joly, Van Ruymbeck, Michel ou de Montgolfier, la lecture du « DEVOIR de DEPLAIRE » apparaît comme le témoignage courageux d'un homme sincère et déterminé qui ne se résigne pas à renoncer à son idéal de servir de son mieux la Justice quitte à payer de sa personne cette forme de rébellion « suicidaire » qui se veut valeur d'exemple : Eric de Montgolfier ne laisse personne indifférent...
Ces 343 pages se dévorent allègrement, presque sans discontinuité tellement la personnalité de ce juge hors du commun apparaît intéressante et suscite le respect à défaut d'admiration, les faits évoqués lèvent le voile jeté pudiquement sur les dessous cachés de certaines lamentables affaires dont la presse nous a rebattu les oreilles... ?Au dela de ces révélations Eric de Montgolfier nous livre aussi ses réflexions sur les forces et les faiblesses de l'organisation judiciaire française dont tous les gouvernants, qu'ils soient de gauche comme de droite, s'arrogent avec arrogance. L'auteur se risque à suggérer quelques réformes de fond qui auraient effectivement le mérite de rapprocher la Justice du citoyen en rompant ce lien qui inféode les magistrats au Pouvoir politique au détriment d'une Justice plus juste et plus équitable pour tous. L'échéance des prochaines présidentielles, quel qu'en soit le vainqueur, pourrait être l'occasion de remettre de l'ordre dans l'Institution judiciaire et, pourquoi pas, la désignation d'Eric de Montgolfier comme Garde des Sceaux pour mener à terme cette mission, ne serait sans doute pas un mauvais service rendu à la France.
En conclusion, le DEVOIR de DEPLAIRE me semble une lecture utile, à conseiller à toutes celles et ceux qui s'inquiètent des dérives actuelles de notre société tout en gardant de grandes espérances pour l'avenir.
La revue de presse Nathalie Guibert - Le Monde du 1er novembre 2006
Son père lui avait dit que la magistrature était "un métier de cons". Il ne l'a pas écouté. "L'allégeance n'est pas mon fort", résume le procureur de Nice dans ce livre de Mémoires qu'il a tardé à écrire, malgré de nombreuses sollicitations. Au début de sa carrière, M. de Montgolfier a refusé de "faire le maquereau", comme le lui avait suggéré d'emblée son premier procureur général. Il a ainsi endossé ses habits de chevalier blanc sans bouder son plaisir, mais sans plusse départir de cette moue ennuyée qu'il a contractée au contact de ses pairs et des différents pouvoirs. Parfois moralisateur, un brin agaçant, le magistrat assure n'avoir fait que son travail de procureur de la République, soucieux de défendre les intérêts de la société...
Décrits dans le détail, les dossiers dont il s'est occupé, comme les coups qu'il n'a pas manqué de recevoir, témoignent, aussi, d'un réel courage.