Biographie
Anne Delbée, metteur en scène (une cinquantaine de mises en scène), actrice, écrivain, connaît parfaitement l'univers de Claudel. Elle monte en 1981 une pièce consacrée à sa sur, Camille, saluée par une critique enthousiaste, et qui s'intitulait déjà Une femme. En 1982, paraît aux Presses de la Renaissance, Une femme (traduit dans vingt pays dont les Etats-Unis, Prix des lectrices de «Elle»), qui révèle le génie et l'immense souffrance de Camille Claudel.
Parmi les ouvrages qu'elle a écrit: Elle qui traversa le monde, Presses de la Renaissance, 1985, Trois préfaces pour Iphigénie, Bérénice et Andromaque, Livre de poche, 1986-87, Racine-Roman, Editions Fayard, 1997, Danse!, Fayard, 1999, Le sourire de Sarah Bernhardt, Fayard, 2000.
Anne Delbée joue actuellement, au théâtre Nesle, jusqu'au 2 décembre 2006, le rôle-titre dans Camille Claudel qu'elle a mis en scène d'après son livre cette fois.
Une femme
Le livre nous révèle la vie extraordinaire de Camille Claudel, sur aînée de l'écrivain Paul Claudel. Camille a connu, en tant que femme et en tant qu'artiste, notamment aux côtés d'Auguste Rodin, un destin tragique et hors du commun.
À la fin du siècle dernier, une jeune fille de dix-sept ans qui veut être sculpteur, c'est inconcevable, voire scandaleux. Or, Camille se lance dans l'aventure à corps perdu, avec l'enthousiasme et la volonté farouche qui la caractérisent, jusqu'au jour de 1883 où elle rencontre Rodin qui accepte de la prendre comme élève et deviendra son amant. Suivront quinze années d'une liaison passionnée et orageuse d'où Camille sortira épuisée, vaincue...
Anne Delbée nous raconte une femme évoluant dans un milieu d'hommes, une femme méprisée par sa profession, puis acceptée à demi-mots en tant que génie, une femme détruite par un amour impossible, une femme qui fuit, et va jusqu'à anéantir ses travaux.
Elle mourra en 1943 à l'asile de Montdevergues, près d'Avignon, après un terrible internement qui aura duré trente ans, laissant une uvre considérable, d'une rare puissance et d'une originalité visionnaire.
Le récit est vif, entrecoupé de lettres d'asile où Camille fut internée à ses dépens. Il y a aussi des extraits d'uvres de son frère, Paul, qui gardera toujours l'influence de sa sur, de sa beauté, de son mystère:
«Elle avait tout misé sur Rodin, elle perdit tout avec lui. Le beau vaisseau quelque temps balloté par d'amères vagues, s'engloutit corps et biens.» (Paul Claudel)
Cette biographie qui succède donc à la mise en scène d'un spectacle éponyme, est un hommage réussi pour réhabiliter une artiste mal connue.